Exposition virtuelle
Désistement
Cette exposition, est le fruit d'un travail de recherche de l'Université du Québec à Trois-Rivières, comprend une oeuvre, sous forme de tableau vivant, qui illustre le concept de désistement en reprenant l’image de la photographie d’identité judiciaire. Accompagnant le dossier criminel, cette photo, communément appelée le mug shot marque un nouvel épisode dans la vie des personnes judiciarisées, leur naissance dans le système, et par extension, leur nouvelle identité. Dans certains pays, cette photo suit la personne judiciarisée pour le reste de sa vie.
Les artistes ont imaginé une façon de présenter un désisteur qui se bat pour se défaire de son image de criminel. Ils insistent sur le fait que la personne qui s’engage dans un processus de désistement doit non seulement sortir de prison, mais réussir à sortir la prison d’elle-même. Ils ont également voulu inviter les visiteurs à suivre la personne tout au long de son processus.
L’œuvre veut offrir à la société un nouvel éclairage sur ce qu’est la Justice. Elle fait la promotion de l’inclusion sociale et elle replace l’humain au cœur de la démarche correctionnelle. Elle insiste sur le fait que la peine de prison devrait être vue comme un moment de transition, que la personne judiciarisée a du travail à faire sur elle-même et que le rôle de la société est de croire en ses chances de succès, de l’accompagner dans le processus et de lui offrir des opportunités.
L'oeuvre a été exposée dans les murs du Musée POP. L'exposition n'est malheureusement plus disponible sur le site du Musée POP, mais il est toujours possible de consulter l'oeuvre sur YouTube.
La peine de prison
La prison est un lieu où l’on prive de ses libertés une personne qui a commis un délit grave ou un crime.
« Mais à quoi ça sert, une peine de prison ? »
PUNIR : Pour certains, la peine de prison est un moyen de punir les criminels à la hauteur de la gravité de leur crime. Il faut qu’ils paient leur dette. Cette punition viendrait racheter les torts qu’ils ont commis aussi bien à la société qu’à leur(s) victime(s).
« C’est facile de me juger. C’est plus difficile de me comprendre. »
DISSUADER : Pour d’autres, la peine de prison est une manière de convaincre la société que le crime entraîne des conséquences. Ce n’est pas une colonie de vacances. Pour savoir si le message passe, on regardera si le taux de criminalité́ d’une population baisse ou augmente. On croit également qu’une peine sévère évitera la récidive.
« Penses-tu vraiment qu’être plus sévère avec moi va m’aider? »
ISOLER : La peine de prison peut aussi être pensée comme un moyen d’isoler une personne jugée dangereuse. Il faut la neutraliser dans un espace clos et surveillé. Avant de la laisser sortir, on évaluera le risque qu’elle recommence à commettre des délits.
« Si tu ne me fais pas confiance, à quoi ça me sert de chercher à la gagner ? »
RÉHABILITER : Enfin, la peine de prison peut être vue comme un moment de réflexion durant lequel la personne qui a commis un crime s’engage dans un travail sur elle-même et avec les autres. Elle cherche à comprendre les souffrances ; celles qu’elle a fait vivre ; celles qu’elle a vécues ; celles qu’elle ne fera plus jamais vivre à quiconque. Dans ce moment de réflexion, il faut accompagner la personne vers le changement, vers l’intégration ou la réintégration dans la société.
« Ça fait partie de ce qu’on appelle le désistement. »
Le désistement
Le désistement, c’est le processus lent et complexe par lequel la personne judiciarisée cesse de commettre des délits et s’intègre progressivement dans la société. C’est comme arrêter de fumer ; la journée qu’un fumeur écrase sa dernière cigarette, il n’est pas considéré automatiquement comme un « non-fumeur » ; il est un « ex-fumeur ». C’est semblable pour le crime ; une personne qui n’en commet plus est appelée un « désisteur » en criminologie.
Le désistement nécessite des changements majeurs à différents niveaux : dans la manière de penser, dans les relations sociales, dans son identité. Le désisteur rencontre aussi plusieurs difficultés, notamment les sentiments d’isolement, d’échec et de désespoir. Cela constitue une véritable épreuve d’endurance pour pouvoir faire partie de la communauté.
Pour bien comprendre le processus, il faut considérer que tous les désisteurs n’ont pas le même point de départ; ils n’ont ni les mêmes opportunités de pouvoir s’en sortir ni les mêmes intérêts. Les changements qui surviennent ne résultent pas toujours de leurs propres décisions et ne sont pas toujours positifs. Le parcours peut ainsi être long, sinueux, parsemé d’embûches, de frustrations et de sentiments d’injustice.
Aussi et surtout, le désistement est freiné par l’image que la société se fait de la personne judiciarisée. En la renvoyant constamment à son passé criminel, elle lui laisse entendre qu’elle est incapable de changer, voire incapable de vivre en société. Il est important de garder à l’esprit que ce n’est pas le criminel qu’il faut réprimer, mais le crime. Pour faciliter le désistement, il est essentiel de croire en la réhabilitation et se rappeler que les personnes judiciarisées sont avant tout des êtres humains.
Crédits
Production : (RÉ)SO 16-35
Conception : Jocelyn Gadbois
Réalisation : Chentian Zhang
Performance : Philippe Mercier
Comité scientifique : Natacha Brunelle, Isabelle F.-Dufour, Sylvie Hamel, Nadia L’Espérance, Justine Le Blanc, Anta Niang, Chantal Plourde